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Izu hantô – acte I : où l’on fait trop confiance au Lonely

21 Février 2011, 13:07pm

Publié par 浪漫

 

 

Il y a des fois où on n’est pas d’accord, dans des points de détails, avec son guide touristique. C’est en général assez vrai quand celui-ci est écrit par des américains pour leurs concitoyens obèses, ce qui prive en général le guide de tout chemin excédant 200m sur une route non carrossée.

Cela étant, à la lecture du machin, je m’étais fait un petit programme pour ce dimanche : la côte Est de Izu-Hantô (comprenez : la presqu’ile d’Izu – pour ceux que ça intéresse 半島, littéralement la demi () île (, « shima », que l’on retrouve dans Hiroshima par exemple).

Bon, comme d’habitude quand je me retrouve en province, il fait moche, mais, au moins, il ne pleut pas. Venteux, humide, mais pas pluvieux.

Me voilà donc parti pour Shimoda, ville la plus méridionale de la presqu’ile, via le train côtier.

Je cite le lonely « Si le temps vous est compté et que vous ne pouvez visiter qu’une seule ville sur la péninsule, optez pour Shimoda, la ville d’onsen la plus agréable de la région ». Je veux pas dire, mais avec ça, ça motive.

Je me dirige donc vers la gare où, première désillusion, j’apprends que le train n’est pas un JR et que donc, mon JR pass, je peux me le carer… Ayant souvenir du train de la région de Mie, je prends le supplément super view histoire de me gaver de paysage matin et on est parti.

Première vieille loose : on ne voit la mer que trois fois durant 30 secondes durant tout le trajet (d’une heure quand même), et le supplément est juste le fait qu’on a une place côté mer…enfin pour ce qu’on s’en fout quand le train est à moitié vide…enfin, je me suis fait encore avoir à la sauce touriste là.

Mais bon, je ne désespère pas, je vais quand même voir la ville d’onsen la plus agréable de la région.

Là où j’aurais dû me méfier, c’est que tous les japonais sont descendus deux stations avant Shimoda… ça sentait l’arnaque.

Effectivement, arrivé là bas en me pelant le jonc, je découvre une horrible ville comme seuls les japonais savent les faire, avec pour seul truc à voir un temple ridicule et un vague parc en hauteur. Je mets les photos par acquis de conscience (pour le jardin la vue est tellement naze que je vous met une statue, témoin du bon goût américain quand il s'agit d'orner leurs colonies), mais bon c’est moche quoi.

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Ce dont j’aurais dû me méfier c’est la suite du Lonely :

« Le traité de Kanagawa, qui résultat de la visite du  commodore Perry dans l’archipel, mit un terme à des siècles d’isolement volontaire du pays avec l’ouverture des ports de Shimoda et Hakodate aux bateaux des Etats-Unis et la création d’un consulat à Shimoda en 1856 »

Personnellement, connaissant déjà l’histoire du japon, j’avais lu ça en diagonale sans plus. En lisant ça, on a l’impression que les japonais, fermés et sauvages au point d’être rétifs au commerce, ont découvert dans la joie et l’allégresse les vertus civilisatrices des US du 19ème, amenées par un amiral (déjà ça c’est suspect). Pour rétablir rapidement :

la visite …euh en fait Perry s’est pointé avec un escadron de « bateaux noirs » lourdement armés et, après avoir tiré quelques boulets de semonce, a poliment ouvert le pays (j’aimerais pas être visité comme ça personnellement). Il s’agit donc plus d’une ouverture sous la menace qu’autre chose. Pour l’anectode : les anglais avaient fait le coup quelques années avant, à Osaka si mes souvenirs sont bons : après avoir  tiré sur la ville histoire de montrer qu’ils pouvaient tout raser, ils se sont fait remettre vivres et matériels par le maire de la ville, qui a obtempéré pour le bien de la ville, puis s’est suicidé comme on sait faire là-bas. Moralité : ils savaient exactement ce que la flotte occidentale pouvait faire à une ville en bois et surtout à un pays sans flotte dont toutes les grandes villes ou presque sont des ports maritimes.

des siècles …enfin faut pas exagérer non plus. Déjà c’est depuis 1632 (environ), donc bon ça faisait à peine deux siècles, et en plus un port était ouvert… mais aux hollandais. La fermeture est beaucoup plus interne d’ailleurs (pas le droit de tracer des cartes, pas de droit au retour des émigrés, circulation surveillée) qu’externe, le commerce apportant au japonais en particulier… la soie de chine.

L’exagération latente de la vertu civilisatrice des US arrivée par Shimoda est probablement la cause de l’affection du lonely pour ce bled, donc une des seules attractions est une ruelle le long d’un canal pourri appelé… Perry dôri... faut le voir pour le croire. Je n’ai jamais compris l’enthousiasme des japonais devant ces canaux qui ressemblent plus à des évacuations de station d’épuration qu’autre chose, mais bon…

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Donc, après ce petit aller retour bien naze à Shimoda, je m’en rentrais chez moi après un dimanche… pas tip-top (et cher). Sur le chemin du retour, quand même, pour me consoler, je me fais un super onsen à Rendai-ji (la station juste après Shimoda).

Expérience intéressante d’ailleurs. Je vous ai dit dans précédent article que l’on ne trempait pas sa serviette dans le bain, ce qui semblait aller de soi. On la trimbale avec soi néanmoins pour masquer les parties les plus intimes de son anatomie.

 Dans ce onsen, je vais donc dans le bain tranquille, plein de vapeur, en intérieur, et j’avise une petite porte qui donne sur un rotemburo (un bain à ciel ouvert). Je mets donc ma petite serviette sur mes parties putréfiées, comme on dit en chrétienté, je passe la porte… pour tomber dans un bain investi par une réunion de japonais mixte. Petite hésitation de ma part devant ces dames, petit blanc (très léger) devant un gaijin dont ils savent parfaitement je pense que le rapport à la nudité est problématique et donc que dont la simple présence peut rendre la nudité problématique. Je ne fais pas l’erreur de faire demi-tour, glisse un petit konnichi wa, et me pose dans le bain.

Le truc c’est que d’habitude, dans les bains mixtes, les dames portent un genre de maillot de bain, ce qui évite les problèmes en particulier de la nudité de la poitrine, puisque un onsen a environ 1m de profondeur maximum. Or dans cet onsen les maillots de bain sont rigoureusement interdits, et donc les dames utilisent leur serviette pour se dissimuler. Ca trempe donc allègrement dans l’eau et visiblement, c’est pas grave. Pour celles et ceux qui veulent tout savoir, oui elles ont toutes une petite poitrine, et surtout elles ont un cul de petit garçon, et si on aime les femmes un peu gironde, il faut passer son chemin. Enfin grosso modo, elles devaient avoir entre 30 et 40 ans, et le physique de gamines de 14 ans (voire moins)

 

A Itô (ah oui, pour l’anectode, c’est ici que se déroule l’action de Shôgun, de J. Clavell, qui est le principal responsable de la tonne d’idées reçues sur le Japon qui circulent en occident. Franchement à y réfléchir, je me tape le voyage idées reçues là), petit dîner de maquereau séché et cuit et de ika frit (et oui, volontairement, c’était que les tentacules, c’était cuit et c’était vachement bon), et au lit pour une journée bien remplie le lendemain.

 

 

 

 

 

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